Un jeune homme se retrouve jeté en prisons pour 6 ans, sans attache ni famille, et avec pour seule fortune 50 francs planqué dans le bout de ses baskets. Livré au milieu d'une lutte sourde le héros avance, grimpant les échelons un à un. Véritable école de sa vie, la prison le façonne pour faire du petit criminel qu'il était, un véritable pro du crime organisé...
Thriller qui ne peut laisser personne indifférent, un prophète suscite avant tout l'admiration. Adulé à Cannes par les critiques, le jury lui décerne finalement le Grand Prix, lui préférant le triste ruban blanc de Haneke pour la palme d'or. Désormais en route pour les oscars comme meilleur film étranger, un prophète est donc reconnu par les professionnels.
Un prophète est l'histoire d'un jeune homme incarné par Tahar Rahim, nouveau héros inconnu du 7ème art jusqu'ici, jeté en prisons pour 6 ans, sans attache ni famille, et avec pour seule fortune 50 francs planqué dans le bout de ses baskets. Livré au milieu d'une lutte sourde entre corses et barbus, le héros avance tout au long de ces années de prison, grimpant les échelons un à un comme on passe dans la classe supérieure au lycée. Véritable école de sa vie, la prison le façonne pour faire du petit criminel qu'il était, un véritable pro du crime organisé.
Dans cet univers 200% masculin où les femmes n'apparaissent pas, outre la réalisation magistrale, on sent que Jacques Audiard s'est mis à la place de son spectateur pour lui faire ressentir ce qu'il voulait qu'il ressente. Attachement au héros dans un premier temps en le montrant faible, vulnérable, et confronté à une réalité carcérale ulta-dure, où tout un chacun peut se dire : "et si c'était moi". Evènement déclencheur du film ensuite où le gang des corses propose comme seul choix au héros, le meurtre ou la mort. Apprentissage et progression inexorable dans le monde du crime ensuite, où le héros devient tout aussi sombre que ceux qui lui ont mis le couteau sous la gorge, et où le spectateur vibre toujours pour ce criminel. Si certains critiquent le film pour cette espèce d'hymne au crime, celui-ci ne fait que montrer une réalité : la prison comme école du crime.
Outre Tahar Rahim très juste dans le rôle du héros en plein apprentissage, Niels Artstrup est plus que convaincant dans le rôle du parrain corse ou comment passer d'une gentille discussion à une cuillère enfoncée bien profondément.
Au final, dans ce grand jeu de pouvoir au service de l'instinct de survie, Jacques Audiard nous offre un passage par la case prison des plus larges, profonds et justes, fournis jusqu'ici. Par de nombreuses idées surprenantes ou tout simplement réelles, il livre une oeuvre dont on ne sort pas indemne. A n'en pas douter l'un des films majuscules de l'année...